Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. La Gaule est entièrement occupée par les Romains. Enfin, pas entièrement… Un petit village de Gaulois indomptables résiste encore à l’envahisseur. Et la vie n’est pas facile pour les légionnaires romains qui tiennent garnison dans les camps fortifiés de Totorum, Aquarium, Laudanum et Compendium…

Renée Goscinny et Albert Uderzo, les créateurs de la bd Astérix le gaulois

 

Astérix est l’œuvre de deux Français, Renée Goscinny et Albert Uderzo. Goscinny était le fils d’un juif polonais et d’une Ukrainienne, mais il est né à Paris et a grandi à Buenos Aires. Uderzo était le fils d’immigrants italiens. Tous deux ont cependant créé en français – Goscinny était le scénariste, et Uderzo le dessinateur.

 

L’idée derrière Astérix était, soi-disant, de créer une série de bandes dessinées qui concurrencerait les dessins animés américains, mais qui ferait appel à l’histoire et à l’identité nationale françaises. Leur choix s’est porté sur les Gaulois, une tribu celte qui vivait autrefois dans ce qui est aujourd’hui la France.

 

La prémisse de la bande dessinée est exactement ce que le texte de présentation ci-dessus résume. La Gaule a été conquise par Rome, mais un village résiste encore. Les courageux Gaulois peuvent combattre la puissance romaine (qui n’est pas encore un empire à ce stade, du moins techniquement) à l’aide d’une potion magique. La boisson que prépare leur druide Panoramix confère une force surhumaine. Grâce à cette potion, les Gaulois surpassent facilement les légionnaires romains stationnés dans les camps environnants.

Les débuts d’Astérix

 

La bande dessinée fait ses débuts dans un magazine franco-belge, Pilote, en 1959. Elle s’intitule simplement Astérix le Gaulois et suit le héros titulaire dans sa résistance à la tentative des Romains de conquérir son village. Le succès est tel que 36 livres seront publiés, même après la mort de Goscinny en 1977. Trente-six livres pleins d’humour, de farces et attrapes, de stéréotypes nationaux, d’anachronismes, de jeux de mots et de phrases latines gratuites.

Les personnages de la bande dessinée

 

La première bande dessinée présente déjà tous les concepts de base de la série – la potion magique des Gaulois, la frustration perpétuelle des Romains à leur égard, et le noyau dur de la distribution. En particulier, Astérix lui-même, son meilleur ami Obélix et le druide Panoramix.

 

Même si sa conception originale était censée être celle d’un guerrier gaulois musclé et barbare, Astérix est avant tout un héros-tricheur. La potion de Panoramix lui confère une force extraordinaire, mais sans elle, il ne peut compter que sur son intelligence et son audace. Il joue généralement le rôle d’un homme droit par rapport à Obélix, et au reste du village.

Obélix, le compagnon fidèle d’Astérix

 

L’énorme Obélix est rarement vu loin d’Astérix. Son rôle dans la première bande dessinée est relativement faible, mais à partir de la deuxième, il partage presque également la vedette avec le petit Gaulois. Contrairement à Astérix, Obélix n’a pas besoin de boire la potion magique pour être extrêmement fort – il est tombé dans un chaudron quand il était bébé, et ses effets sont donc permanents sur lui.

 

Il diffère d’Astérix non seulement par sa taille, mais aussi par sa personnalité. Il est simple d’esprit, direct et naïf. Ses deux activités favorites sont le combat et la consommation de sangliers. Mais il est toujours prêt à suivre Astérix dans ses nouvelles aventures et à lui laisser le soin de réfléchir. Son travail consiste à tailler et à livrer des menhirs – le fait que personne ne sache à quoi ils servent est un gag récurrent. Il porte souvent un menhir sur lui, qu’il utilise comme une arme, un bélier ou autre.

Idéfix, le petit chien blanc d’Obélix

 

Idéfix, le petit chien blanc d’Obélix, est un autre personnage de la distribution principale. Il est apparu pour la première fois sous forme de blague visuelle dans Astérix et le Banquet. Il se met à suivre le duo principal lors de son tour de toute la Gaule (en référence au Tour de France cycliste), sans jamais faire de bruit ni attirer l’attention des héros. Ce n’est que lorsqu’ils reviennent au village qu’il annonce sa présence par un aboiement. Les lecteurs l’ayant apprécié, Goscinny et Uderzo ont choisi d’en faire le compagnon permanent d’Obélix. Idéfix est un chien intelligent, mais pas autant qu’Obélix le croit.

Panoramix, le druide avec la potion magique

 

Et puis il y a Panoramix, le druide. C’est grâce à sa connaissance de la potion magique que le principe de la bande dessinée fonctionne. Il est le seul à la connaître, car elle se transmet d’un druide à l’autre. Ainsi, de nombreuses intrigues sont déclenchées par son indisponibilité ou son incapacité à la réaliser, et par les diverses tentatives des Romains de voler la potion ou d’éliminer Panoramix. La recette de la potion est aussi secrète pour les lecteurs que pour les personnages, ce qui permet à Goscinny et Uderzo d’introduire à peu près n’importe quoi comme ingrédient nécessaire. Cela inclut le poisson et le pétrole.

 

Même en dehors de la potion, Panoramix est un homme sage et expérimenté. Astérix le considère comme un mentor, et c’est peut-être la seule personne que les villageois gaulois indisciplinés respectent et écoutent.

Les autres personnages

 

La plupart des personnages en dehors du village gaulois n’apparaissent qu’une ou deux fois. Les soldats romains qui équipent les camps changent à chaque fois, et le visage le plus constant de Rome est Jules César lui-même. Le futur dirigeant de Rome est l’ennemi des Gaulois, mais il est traité avec beaucoup plus de respect que les autres Romains. Uderzo le dessine de façon beaucoup plus réaliste que la plupart des personnages, et Goscinny l’écrit en fonction de sa légende, plus que de l’histoire. C’est un homme d’honneur, qui tient sa parole. Il ne s’oppose que rarement aux Gaulois de manière directe.

 

Cependant, les personnages qui reviennent le plus souvent en dehors du village gaulois sont en fait des pirates. Leur première entrée dans la série se fait dans Astérix Gladiateur, le quatrième tome. Ils projettent d’aborder et de mettre à sac un bateau sur lequel Astérix et Obélix font du stop, ce qui se termine comme prévu. Depuis lors, ils font une apparition dans la plupart des livres, ce qui ne se termine généralement pas bien pour eux. Si les Gaulois ne les coulent pas, quelque chose ou quelqu’un d’autre le fait.

 

Les pirates sont en fait une référence à Barbe Rouge, une série de bandes dessinées française. Les trois membres « principaux » de l’équipage de pirates – un capitaine à la barbe rouge, un vieux pirate à la jambe de bois et un guetteur africain – sont directement inspirés de cette série. Bien sûr, si quelqu’un se souvient d’eux aujourd’hui, c’est probablement à cause d’Astérix…

Les différentes aventures des deux gaulois

 

Voilà une galerie de personnages hauts en couleur. Et les histoires ? Elles sont aussi variées que les personnages qui y apparaissent. Les intrigues alternent entre le village gaulois et les héros qui partent à l’étranger. Beaucoup d’entre elles résultent des nombreuses tentatives des Romains pour conquérir enfin les Gaulois, d’autres ont leurs propres conflits. Astérix et Obélix visitent Lutèce (une ville qui a précédé Paris), l’Allemagne, Rome, la Grèce, l’Espagne… et même l’Amérique du Nord.

 

L’humour de la série repose beaucoup sur les stéréotypes nationaux exagérés des endroits où se rendent les Gaulois. Les Britanniques boivent du thé chaud avec du lait, et annulent tout ce qu’ils font pour le boire à cinq heures pile. Les Goths sont obsédés par l’ordre et militaristes (leur portrait est de loin le plus peu flatteur). Les Corses sont paresseux, faciles à offenser et capables de garder une rancune éternelle. Découvrez les plus belles bandes dessinées d’Astérix et Obélix.

 

Beaucoup d’entre eux sont anachroniques, bien sûr. Certains anachronismes sont évidents, d’autres moins. Les gens qui remplissent des formulaires en trois exemplaires à l’aide de tablettes de marbre, ou Lutetia qui est un ancien reflet du Paris moderne, sont évidents. Mais la série joue également avec l’histoire d’une autre manière. Par exemple, lorsque les Gaulois se rendent à Rome, ils visitent le Colisée… qui n’existait pas encore en 50 avant Jésus-Christ. Mais comment ne pas l’inclure dans une BD qui se déroule à Rome ?

L’humour de la bande dessinée d’Astérix

 

En dehors de cela, l’humour de la bande dessinée est une grande variété de comédies, de calembours et de jeux de mots. Vous l’avez déjà constaté dans les noms des Gaulois. Ils ne sont pas les seuls à en avoir. Inutile de dire que cela constitue un défi pour les traducteurs.

 

Les bandes dessinées présentent une certaine continuité, mais on peut parfaitement les lire dans le désordre. Néanmoins, le fait de les lire tous augmente considérablement l’expérience. La série est pleine de blagues, de références et de gags. Les pirates perdent toujours leur navire, une bagarre éclate pour du poisson tous les deux numéros,… et ainsi de suite. Malgré ce que l’on pourrait craindre, il n’y a pas vraiment de répétition. Bien que le principe semble unique, Uderzo et Goscinny ont vraiment fait un travail considérable pour donner à chaque BD une structure et un thème uniques.

 

La série ne s’est pas arrêtée à la mort de Goscinny en 1977. Albert Uderzo a continué à écrire et à dessiner de son côté jusqu’à sa mort en 2020. Les résultats… varient. Les intrigues des différentes BD qu’il dessine deviennent de plus en plus farfelues, l’une d’entre elles mettant en scène des Gaulois qui se rendent en Inde pour que le chant de Assurancetourix brise la sécheresse. Oui, son chant est assez mauvais pour provoquer la pluie, apparemment. Uderzo est beaucoup plus enclin à exagérer les personnages et à résoudre les intrigues par un Deus Ex Machina.

 

Par exemple, dans l’un de ses albums, Astérix et Obélix se rendent au Moyen-Orient pour se procurer du pétrole, dont Panoramix a apparemment besoin pour sa potion. Alors qu’ils y parviennent enfin, l’agent de Jules César le déverse dans la mer. Astérix retourne au village avec la certitude que son échec l’a condamné… pour découvrir que les Gaulois repoussent comme d’habitude une attaque romaine. Panoramix avait réussi à remplacer le pétrole par du jus de betterave dans la recette. Ce qui rendait toute l’aventure inutile.

 

Les bandes dessinées d’Astérix sont très amusantes à lire. Si vous avez toujours voulu découvrir la bande dessinée européenne du milieu du 20e siècle, c’est l’endroit idéal pour commencer.